Quand j’ai rénové mon premier studio de 28m² à Lyon dans les années 90, j’ai passé deux semaines à fixer une baignoire d’angle qui bouffait la moitié de la pièce. Ma compagne m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit : « Didier, on choisit entre se doucher ou avoir un salon. » J’ai tout démonté le lendemain.
Dans un petit logement, chaque centimètre compte deux fois : une fois pour ce que vous installez, une fois pour l’espace que vous perdez. La bonne nouvelle ? Avec les bonnes solutions, une salle d’eau de 3m² peut être aussi fonctionnelle qu’une de 6m².
Sommaire
- La règle des 80 cm que j’aurais aimé connaître plus tôt
- Les équipements qui changent vraiment la donne
- Les erreurs qui coûtent cher (en espace ET en euros)
- Mes solutions préférées de rangement vertical
- L’éclairage et la ventilation : les oubliés qui changent tout
- Quand faire appel à un pro pour l’installation ?
- Ce que je retiens après 30 ans de petits chantiers
La règle des 80 cm que j’aurais aimé connaître plus tôt
Mon erreur de débutant ? Penser qu’une petite salle de bain nécessitait forcément des équipements miniatures. Résultat : j’ai installé une vasque de 35 cm de large dans un appartement que je louais. Les locataires se cognaient partout, l’eau éclaboussait systématiquement le sol.
La vraie astuce, c’est le dégagement. Selon les normes d’accessibilité (que je consulte même pour les petits espaces), vous avez besoin de 80 cm devant chaque équipement pour l’utiliser confortablement. Pas besoin de réduire la taille du lavabo si vous optimisez l’agencement. D’ailleurs, pour ce genre de projet d’optimisation, une installation sanitaire à Gland bien pensée fait toute la différence – j’ai vu trop de bricoleurs se planter sur les contraintes techniques.
Comment j’organise l’espace maintenant
Je trace toujours un plan à l’échelle avant de percer le premier trou. Voici ma méthode :
- La zone humide en bloc : WC, douche et lavabo sur le même mur limitent les raccordements et libèrent de l’espace
- La circulation en L ou en I : jamais en U dans un petit espace, ça mange trop de mètres carrés
- Les angles morts deviennent utiles : j’y case les rangements ou un lave-linge compact
Un chiffre que je garde en tête : dans une pièce de 4m², je peux gagner jusqu’à 40% d’espace utilisable juste en repositionnant les évacuations. Ça représente environ 1,6m² récupérés – de quoi caser un meuble de rangement ou agrandir la douche.
Les équipements qui changent vraiment la donne
Le WC suspendu (mon meilleur investissement)
J’ai installé mon premier WC suspendu en 2003, et franchement, j’étais sceptique. Le bâti-support coûtait 300€ de plus qu’une installation classique. Dix ans plus tard, je ne jure que par ça.
Pourquoi ça change tout ? Le réservoir encastré libère 15 à 20 cm de profondeur. Sur une pièce de 3m², c’est énorme. Et psychologiquement, le fait de voir le sol continu donne une impression d’espace. Sans compter que le ménage devient infiniment plus simple.
Par contre, attention : vérifiez que votre mur supporte au moins 400 kg. Sur du placo standard, oubliez. Il faut un doublage renforcé ou un mur porteur. J’ai dû refaire une installation complète chez un client qui avait voulu économiser sur le bâti.
La douche à l’italienne compacte
Les receveurs extra-plats de 80×80 cm, c’est mon standard maintenant pour les petits espaces. Avec une paroi vitrée fixe (pas de battant qui mange de la place), vous créez une vraie zone douche sans cloisonner visuellement.
Une astuce que j’applique systématiquement : la pente intégrée dans la chape. Plus besoin d’un receveur surélevé qui crée une marche. Selon une étude de l’ADEME que j’ai consultée l’an dernier, ce type d’installation réduit les risques de chute de 60% chez les personnes âgées. Et pour la revente ? Un vrai plus.
Le seul hic : l’évacuation doit être accessible. Si votre appartement est au rez-de-chaussée avec une dalle béton de 15 cm, ça peut coincer. Dans ce cas, je propose un receveur de 4 cm maximum.
Le lavabo gain de place (mais pas trop)
J’ai testé toutes les configurations possibles. Les lavabos d’angle ? Jolis sur catalogue, chiants au quotidien. Les vasques à poser sur console étroite ? Élégantes mais l’eau file partout.
Mon compromis idéal : un lavabo de 50 cm de large avec meuble intégré. Vous perdez peut-être 5 cm par rapport à un ultra-compact, mais vous gagnez du rangement en dessous. Et croyez-moi, dans 10m², le rangement vaut de l’or.
Pour les studios vraiment minuscules (moins de 20m²), les lave-mains avec petit meuble de 40 cm font l’affaire. Je les positionne souvent dans les WC séparés quand il y en a.
Les erreurs qui coûtent cher (en espace ET en euros)
La colonne de douche trop volumineuse
En 2018, j’ai installé une magnifique colonne de douche chromée avec douchette XXL chez une cliente. Sublime dans le showroom. Dans sa douche de 80 cm ? Elle se cognait dedans à chaque mouvement. On a dû tout changer pour un mitigeur encastré avec douchette compacte. Coût de l’opération : 450€ en pure perte.
Maintenant, je privilégie les mitigeurs thermostatiques encastrés. Zéro saillie sur le mur, design épuré, et vous récupérez 12 à 15 cm de largeur utilisable dans votre douche.
Les portes qui s’ouvrent vers l’intérieur
Ça paraît évident dit comme ça, mais j’ai vu tellement de salles de bain où la porte mange 60 cm d’espace utile en s’ouvrant… Dans mon dernier chantier à Gland, j’ai tout simplement inversé le sens d’ouverture : la porte donne désormais sur le couloir. Le client a gagné la place pour un sèche-serviette.
Alternative si ce n’est pas possible : la porte coulissante. Un peu plus chère à l’installation (comptez 200 à 300€ de plus), mais redoutablement efficace. Une cliente m’a même fait installer une porte escamotable dans la cloison – du niveau au-dessus, mais bluffant.

Mes solutions préférées de rangement vertical
Quand on manque de surface au sol, il faut penser en hauteur. Simple, mais tellement sous-exploité.
Les niches murales : Je les creuse directement dans les doublages lors de la construction. Une niche de 15 cm de profondeur dans la douche remplace trois paniers ventouses qui finissent par tomber. Et visuellement, c’est beaucoup plus propre.
Le meuble colonne étroit : 30 cm de large, 180 cm de haut, c’est mon allié. Je le cale souvent entre le lavabo et le mur. Pour un studio, ça représente l’équivalent de 5 étagères de rangement.
Les miroirs avec rangement intégré : Au-dessus du lavabo, je pose systématiquement une armoire à miroir plutôt qu’un simple miroir. Même profondeur (12 à 15 cm), mais vous doublez la fonctionnalité. Et l’effet miroir agrandit visuellement l’espace – un bonus non négligeable.
L’éclairage et la ventilation : les oubliés qui changent tout
J’ai longtemps négligé ces aspects, pensant qu’ils étaient secondaires. Grosse erreur. Un petit espace mal ventilé, c’est l’humidité garantie en six mois. Et une lumière mal fichue rend n’importe quelle pièce étouffante.
Pour la ventilation : VMC simple flux minimum, avec un débit adapté au volume. Dans une salle d’eau de 3m², on vise 30m³/h. Si vous n’avez pas de VMC centralisée, un extracteur d’air avec détecteur d’humidité fait le job pour 80 à 120€.
Côté éclairage : abandonnez le plafonnier central unique. Je préfère multiplier les sources : spots encastrés au-dessus de la douche (IP65 obligatoire), appliques de chaque côté du miroir, LED sous le meuble. Ça coûte 150€ de plus à l’installation, mais l’ambiance n’a rien à voir.
Quand faire appel à un pro pour l’installation ?
Je vais être direct : si vous déplacez des évacuations, touchez au réseau, ou installez un WC suspendu, prenez un professionnel. Les économies de 500€ à l’installation, vous les paierez 2000€ en réparations dans deux ans.
Par contre, changer un robinet, poser un meuble vasque sur une arrivée existante, ou installer un miroir ? Largement faisable en DIY avec les bons outils et un minimum de méthode.
Ce que je retiens après 30 ans de petits chantiers
La vraie optimisation d’un petit espace sanitaire, ce n’est pas de tout réduire au minimum. C’est de choisir les bons compromis. Un équipement de qualité sur un agencement intelligent vaut mieux que quatre gadgets gain de place qui ne servent à rien.
Mon conseil si vous vous lancez : dessinez votre pièce à l’échelle, découpez des rectangles en carton aux dimensions de vos équipements, et déplacez-les jusqu’à trouver LA configuration. Ça prend une heure, et ça évite six mois de regrets.